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De nouveaux horizons [PV]

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Vladislava Baranov

Vladislava Baranov


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MessageSujet: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyMar 2 Juil - 14:52

À ses pieds s’étendait la cité d’Assécia. Les quelques grandes demeures, les petites maisons, les églises, et puis le port avec ses quais grouillants, plusieurs navires amarrés, et enfin l’océan à perte de vue. Pour une enfant des steppes comme elle, qui avait grandi loin de la mer et vécu presque toute sa vie dans de vastes domaines champêtres, cette vue avait quelque chose de magique et de terrifiant à la fois.

Se concentrant sur les détails des grosses goélettes à quai, Vladislava chercha à reconnaître Le Patriote. Elle attendait Ladreï depuis des jours et des jours, mais il avait été retenue, semblait-il. Les voyages en mer étaient si hasardeux et dangereux… Chaque jour, à toute heure, elle priait en son cœur pour qu’il arrive bientôt et sans encombre jusqu’à eux. Ladreï. Son bébé. Mais son ami aussi. Le plus proche et le plus intime des amis. Un petit frère presque. D’ailleurs, ça aurait pu être le cas. Elle-même était la dernière de sa fratrie mais ses frères aînés avaient entre quatre et douze ans de plus qu’elle.

Le jour commençait déjà à décliner et selon toute vraisemblance, le fils prodigue n’arriverait pas avant le lendemain. Il n’y avait nulle voile à l’horizon et le vent n’était guère puissant. Des semaines en mer elle avait retenu certaines choses et savait désormais qu’ils verraient les voiles de Ladreï longtemps avant qu’il mouille au port, plusieurs jours même si le vent était défavorable.

Le voyage avait été abominable, évidemment. Les premiers jours, du moins. Elle avait été malade au point de se demander s’il n’eut pas mieux valu mourir immédiatement plutôt que de continuer à rendre le peu qu’elle parvenait à ingurgiter. Elle avait fait interdire sa cabine à Ivor, naturellement, refusant catégoriquement qu’il la voie dans cet état de faiblesse et de laideur, et son mari en avait conçu une violente contrariété, croyait-elle savoir.

Il y aurait bientôt vingt ans qu’ils avaient échangés leurs serments de fidélité et de loyauté devant un prêtre dans le salon d’apparat de ses parents. Elle n’était plus une jeune fille et surveillait désormais avec anxiété les signes de l’âge qui menaçaient de flétrir son beau visage. Elle se souvenait pourtant avec une acuité redoutable de chaque détail de cette matinée. Le printemps tardait cette année-là, le jardin était couvert de givre et de petits cristaux de glace pendaient aux branches de arbres et aux avant-toits. Elle se rappelait s’être dit qu’il n’y avait pas plus féérique décor pour des épousailles et qu’il ne pouvait s’agir que d’un bon présage. Quelle naïveté ! Les cartes ne lui avaient jamais prédit son malheur et sa souffrance. Cela dit, c’était sans doute mieux sinon elle eut peut-être renâclé à épouser Ivor et bien des êtres en eurent alors souffert.

Revenant au présent, elle repoussa la croisée et sonna pour qu’une femme de chambre vienne tirer les tentures et ranimer le feu dans l’âtre. En cette année 1503 également le printemps se faisait attendre. Plus encore dans cette contrée de Fändir dont la primitivité l’effarait. Il y avait pourtant des grandes familles, une sorte de cour dont elle serait la reine incontestée. Mais il faudrait élever tout cela, songeait-elle sans pitié. Elle attirerait de grands penseurs et des artistes réputés. Ici aussi, elle créerait une assemblée passionnante et passionnée. Mince compensation d’une vie conjugale sans attrait.

La bonne quitta la pièce en silence sans qu’elle lui eut jeté ne serait-ce qu’un regard. À devenir trop aimable avec le personnel, on risquait de voir le service baisser en qualité. Les domestiques n’avaient pas besoin de sa gentillesse, ils avaient besoin d’être guidés et de travailler durement pour compenser un esprit peu développé.

À demi allongée à présent sur un sofa qui tenait plus de la chaise longue, elle saisit la lourde jupe de velours qui couvrait ses jambes ainsi que plusieurs épaisseurs de jupons et les remonta pour observer ses chevilles quelques instants. Elle était persuadée que l’âge d’une femme s’oubliait lorsqu’elle perdait la finesse de ses attaches et de ses extrémités. Mais pas elle. À trente-six ans, elle avait encore des jambes élancées et gracieuses, et des pieds aussi menus que dans son adolescence. Elle rabattit ses jupes, les arrangea en plis élégants, puis se concentra sur ses mains. Fines, pâles, racées… Patriciennes, en un mot. Et riches d’énergies et de fluides, d’ondes diverses. De véritables réceptacles, qui transmettaient leur savoir mystique à la demande.

Du jeu qui ne la quittait jamais et dont elle percevait avec délice toutes les vibrations, elle tira une carte qu’elle posa devant elle, sur l’assise du sofa. Le Chevalier. Ivor viendrait donc lui rendre visite ce soir. Partagerait-il sa couche pour une heure ? Pour la nuit ? Ne viendrait-il que quelques minutes s’assurer qu’elle était là où elle devait être et ne lui faisait pas honte ?

« Je jure de t’être fidèle et loyale en toutes circonstances, par-delà les maux et les souffrances, les bonheurs et les fiertés, je serai tienne jusqu’à la fin. De ce serment, même la mort ne saurait me délivrer. »

Pourquoi ces mots lui revenaient-ils maintenant ? C’était un mystère. Tout comme le fait que son tyran de mari lui soit toujours apparu sous les traits du Chevalier lors de ses tirages. D’ordinaire, cette carte était celle des amants, des amoureux transis, des cœurs sincères. Peut-être était-ce pour cela qu’elle avait cru si longtemps qu’ils pourraient être heureux ensemble, malgré les signes évidents de la répulsion qu’elle lui inspirait. Il l’avait méprisée, haïe même, elle s’en était rendue compte. Mais elle n’avait rien dit et cela aussi avait fini par passer. Désormais, elle ne lisait qu’indifférence dans son regard, ou distance. Il paraissait toujours ailleurs en fait, oui. Toujours pressé et désireux de se trouver à un endroit plus agréable ou plus utile.

Avait-il des maîtresses ? Elle tira le Roseau, une fois encore. Les cartes lui répondaient toujours de la même manière, c’est-à-dire qu’elles ne lui répondaient pas. Soit qu’elles ne connaissent pas la réponse, ce qui eut été surprenant, soit qu’elles n’estiment pas nécessaire ou sage de la lui donner. Si Ivor avait connu d’autres femmes depuis vingt ans, il avait en tout cas fait preuve d’une discrétion à toute épreuve car jamais elle n’en avait vu le moindre signe, jamais elle n’en avait rien vu et jamais la moindre rumeur, le moindre souffle en ce sens ne lui était parvenu. De cette délicatesse, elle lui était infiniment reconnaissante.

Elle reprit les cartes et les battit pensivement quelques instants, un geste qu’elle faisait souvent quand elle réfléchissait intensément. L’aimait-il ? La Houlette. Il ne la détestait pas, en tout cas. L’avait-il aimée un jour ? Le Merle. Encore des réponses qui n’en étaient pas. Irritée, elle manqua jeter ses cartes dans un geste brusque mais se retint. Elle avait confiance en ses cartes, elle les aimait, les manipulait, les chérissait comme des bijoux. Les cartes ne mentent jamais. C’était sa faute si elle n’obtenait pas les réponses désirées, elle devait mieux formuler ses questions, les choisir de manière plus pertinente au lieu de ressasser stupidement.

Elle tira à nouveau le Chevalier, puis la Faux. Il la prendrait donc ce soir. Peut-être resterait-il même pour la nuit. Le souhaitait-elle ? Elle ne savait plus très bien, elle voulait seulement ne pas être exposée à son indifférence pour ne pas souffrir davantage. Il était bien naturel qu’il songe à partager sa couche après tout. Elle était encore en âge de concevoir – même si ses nombreuses fausses couches ne laissaient guère d’espoir quant à la conception d’un enfant – et lui avait interdit son lit depuis leur arrivée sous divers prétextes. Après les semaines de voyage, elle savait qu’elle risquait de provoquer sa colère en agissant ainsi, mais peut-être était-ce ce qu’elle désirait au fond. Quand il la prenait sans un mot puis la quittait pour rejoindre sa chambre, elle se sentait aussi inutile que peu aimée et en était toujours peinée. Vingt ans après, la jeune fille en elle continuait à réclamer des étreintes passionnées et tendres. Ridicule.

Elle aurait du sonner sa femme de chambre pour qu’elle vienne l’aider à se changer, mais cette petite sotte ne lui inspirait pas confiance et elle avait déjà envie de la gifler avant même de l’avoir devant elle. Avoir du se séparer de sa fidèle Sara avant leur départ pour Fändir avait été un coup rude dont elle n’était toujours pas pleinement remise. Sa domestique la plus loyale, son amie intime – si tant est qu’une telle chose fut possible entre maîtres et serviteurs – avait choisi d’épouser cet imbécile de majordome et tous deux avaient pris la tête de la maisonnée à Soakith. Ils garderaient leur domaine, le maintiendraient en état avec l’aide du régisseur. Mais en échange, elle Vladislava, devait se contenter de cette petite idiote de Judile, à peine formée à ses tâches. Non vraiment, elle n’avait aucune envie de voir sa face de lune à cet instant. Elle préférait rester avec ses cartes et tant pis si Ivor était mécontent de devoir l’aider lui-même à se déshabiller.

Le Pendu. Quelque chose arrivait, un risque ou une personne qu’il leur faudrait contrer d’une manière ou d’une autre. La Rose. Une femme, donc. Et dotée de certains pouvoirs ou de certaines connaissances propres à lui en conférer. Songeuse, elle restait fixée sur cette carte, tentant de deviner quelle femme pouvait bien les menacer. Elle ne pouvait rien faire avant que l’ennemie se dévoile un minimum, évidemment, mais grâce aux cartes, elle serait prête à réagir et à étouffer dans l’œuf le moindre obstacle qui risquerait de faire entraves à la gloire de son époux et de leur héritier.
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Ivor Baranov

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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyMar 2 Juil - 15:19

Ivor avait mangé seul, une fois encore. Combien de temps sa femme jouerait-elle à ce jeu ? Lui imposer la honte d'interdire sa cabine n'était pas suffisant ? Il n'avait pas eu le droit à un seul mot. Vladis s'était contentée de sourire et de paraître dans le monde. Elle faisait bonne figure au-dehors, mais dans le secret de leur demeure, elle disparaissait. Hier soir, il avait trouvé porte close. Dans cette nouvelle demeure, entourer d'un nouveau personnel, il ne souhaitait pas se donner en spectacle. Les rumeurs allaient bien trop vite dans une si petite colonie. Sa femme lui avait fait toute une scène, car ses servantes n'allaient pas pouvoir la suivre. Mais elle n'avait sans doute pas vu que lui-même en pâtissait.
Il soupira et jeta sa serviette. Au moins, ils avaient un bon cuisinier et les produits étaient savoureux. Ivor resta quelques minutes appuyé contre le dossier de sa chaise. Il avait du travail, mais l'administration en place était déjà bien organisée et lui avait dégagé un peu de temps pour se faire à son nouvel environnement. Il n'avait pas connu le précédent gouverneur, mais il salua sa bonne gestion. Il n'avait pas encore rencontré la fille de son prédécesseur... et Ladreï tardait à arriver. Vladislava devait en souffrir.
Sa femme...

- Vladis... murmura-t-il entre ses lèvres serrées.

Le nouveau gouverneur se leva et se dirigea calmement vers les appartements. Il avait réalisé l'un des souhaits de sa femme : une suite de chambres pour sa seule personne. Elle vivait aussi bien qu'une reine. Devant la porte, il s'arrêta un instant, puis gratta à la porte et l'ouvrit. Le verrou n'était pas fermé ce soir. Sans bruit, il referma derrière lui et poussa le loquet. Sa femme était allongée, alanguie sur son ottomane aux couleurs soyeuses. Elle aimait le luxe. Vladis se redressait quand il arriva à sa hauteur. Sa femme ne fit aucun geste pour lui résister comme si elle savait. Mais son regard le transperça une fois encore. Ses yeux, comme un miroir de reproches, le fixaient avec cette impertinence qu'il connaissait si bien. Tant d'années de vie commune et toujours cette barrière.

Ivor l'emmena fermement au lit encore défait. Le désir, il devait l'avoir de lui-même, car jamais elle n'aurait cherché à lui en faire ressentir. Constatant qu'elle n'enlevait pas sa robe et qu'elle attendait passivement, il arracha le corsage, blessant sa main avec une des baleines de son corset. La suite fut la même que les nombreuses fois où ils couchèrent ensemble. Leurs corps seuls semblaient parvenir à communiquer, à s'accepter. Un brin de violence parfois : il la maîtrisait avec force pour qu'elle ne s'échappe pas, elle le repoussait parfois avec une force étonnante. De faibles gémissements, leur souffle chaud qui ne s'échangeaient jamais un baiser... Et pourtant...
Ivor saisit les poignets et cloua Vladis au lit. Pourtant il avait eu de l'amour pour elle. Et jamais, jamais il ne l'avait trompé. Pas une fois. La colère envahissait son esprit. Un gémissement plus fort l'interpella. Vladis se montrait toujours docile, car elle craignait les coups. Mais il se rendit compte qu'il serrait trop fort les poignets. Les yeux humides, elle le regardait à la fois méprisante et suppliante... et il en finit. Insatisfait, malheureux.

Ivor se rhabilla, glissa ses doigts sur le visage de sa femme et partit sans un bruit. Il regagna sa propre chambre, froide, lugubre. Eclairé par une faible lune, il se versa un verre de vin et s'affala dans un profond fauteuil.
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Vladislava Baranov

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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyMar 2 Juil - 19:44

Si elle avait espéré faire réagir son mari, le pousser à communiquer avec elle à force de provocations et de défis, elle en était pour ses frais. Vladislava se tourna sur le côté au milieu du lit défait et enfouit son visage dans les drap pour y laisser libre cours à ses pleurs. Ses larmes étaient amères, pleines de déception et de souffrance. Pourquoi fallait-il qu'il la traite ainsi ? Comme une catin qu'on prend sans un mot ni un geste tendre... Elle aurait tant voulu... Quelle imbécile ! Vingt ans après ! Vingt ans ! Plus furieuse encore contre elle-même que peinée, elle tambourina de ses petits poings serrés contre le matelas, mordit l'oreiller et hurla de rage, étouffant ses cris dans l'édredon moelleux.

Et puis sa colère passa. Comme le reste. Son corps s'était soumis, comme toujours. Il était étrange que deux êtres aussi mal assortis trouvent à s'entendre dans un lit, songeait-elle. ils étaient bien incapables de se parler sans se faire du mal, mais trouvaient en revanche chacun du plaisir aux étreintes qui animaient parfois leurs nuits. Du moins un plaisir limité, car il y manquait une certaine communion, un abandon, une intimité, qui eussent tout changé, elle en était certaine. On le lui avait dit. Du temps où elle avait encore des amies, où elle se confiait encore et écoutait les autres. Mais ce temps-là était révolu. Elle était fière et plus encore loyale. Personne au monde ne devait apprendre qu'Ivor et elle n'étaient pas dans l'intimité le couple modèle qu'ils paraissaient être en public.

La crise passée, son calme et sa froideur revenus, elle quitta sa couche et la remit en ordre. Le jeu des apparences, encore. Pour les domestiques. Elle savait comme Ivor que les serviteurs bavardent et il n'était pas question qu'on puisse dire où que ce soit qu'ils n'étaient pas parfaits et parfaitement décents. Sa robe déchirée finit dans l'âtre où les flammes la consumèrent rapidement. Peu importait le nombre de robes, le prix des étoffes et du travail, jamais elle ne laisserait qui que ce soit dire de son époux qu'il déchirait ses vêtements. C'est sur sa chemise de dessous en aussi piteux état qu'elle vit quelques gouttes de sang en revanche. Mais elle eut beau chercher, elle ne se trouva nulle blessure qui eut pu justifier ces taches. Ça devait venir d'iVor, donc.

Son coeur en fit un bond. Elle avait à présent une excuse toute trouvée pour aller le déranger dans le sanctuaire de sa chambre. Elle enfila un déshabillé gracieux mais qui la couvrait décemment et traversa les trois pièces qui séparaient leurs appartements : sa garde-robes, un petit salon réservé presque exclusivement à son usage personnel, puis l'antichambre de son mari. Son valet de pied n'y dormant pas, elle supposa qu'Ivor lui avait attribué une chambre sous les combles, comme elle-même l'avait fait avec sa nouvelle femme de chambre. C'était heureux. Ils n'avaient pas besoin de public car le ciel seul savait ce qui pouvait advenir entre eux.

Les rôles étaient inversés, réalisa-t-elle avec un vague sourire sans joie tout en grattant à la porte de sa chambre avant d'y pénétrer. Il n'y avait pas un bruit et aucune lampe n'était allumée. Un instant elle crut qu'il s'était déjà couché et endormi, et puis elle perçut l'éclat de rubis du vin dans son verre grace  un rayon de lune. Elle avança alors, pâle petit fantôme dont les pieds nus ne faisaient pas un bruit sur l'épais tapis, et vint s'agenouiller au pied de son siège. Le déshabillé vaporeux se répandit autour d'elle comme une fleur épanouie et elle leva les yeux pour observer le visage de son mari bien qu'il soit tenu dans l'ombre. Elle se savait belle et en jouait fréquemment, mais pas forcément avec de mauvaises intentions. Au contraire, concernant Ivor, elle avait toujours espéré qu'il l'admire un peu et l'aime grâce à cela.

Prudente, elle prit délicatement sa main libre comme on se saisit d'un objet fragile. Au cours de sa vie conjugale, elle avait essuyé plus de coups et de mouvements d'humeur qu'elle ne pouvait s'en rappeler, aussi était-elle toujours un peu sur sa réserve avec Ivor.

- Vous êtes blessé, laissez-moi regarder s'il vous plaît, lui demanda-t-elle avec une grande douceur.

Dans le noir, il était plus facile de se montrer ainsi douce et tendre. Elle ne voyait pas l'indifférence de ses yeux noirs, le mépris qui tirait ses lèvres, la raideur de ses épaules et la froideur de son regard. Dans le noir au contraire, elle pouvait encore croire un peu, ne serait-ce que quelques très brefs instants, qu'elle avait seize ans et qu'il l'aimait.

Elle tira un ravissant mouchoir brodé de sa poche et l'appliqua avec délicatesse sur l'écorchure qui zébrait sa paume. C'était bien plus que nécessaire évidemment, mais ça leur donnait un peu de temps ensemble avant que la réalité ne revienne les frapper de plein fouet et les séparer. Elle voulait lui demander tant de choses, le supplier de lui parler, l'implorer de l'aimer un tout petit peu, ou du moins de ne point la haïr. Au lieu de quoi, comme toujours, par crainte autant que par fierté, elle ne put qu'énoncer une quelconque platitude.

- Nous sommes attendus chez les Maremont, demain soir. Un couple influent, semble-t-il. Avez-vous le désir de me voir porter une tenue ou une couleur en particulier ?

Car ils assortissaient des détails de leurs tenues quand ils sortaient dans le monde, ainsi qu'il était d'usage pour les couples soudés. Si on ne parlait pas d'amour, une émotion méprisée par une haute société imbue d'elle-même et malheureuse, on reconnaissait en revanche et on admirait grandement l'entente dans un couple, la loyauté et la solidarité. À ce jeu-là, les Baranov étaient passés maîtres. Nul au monde, hormis leur fils, ne soupçonnait qu'ils fussent si distants dans l'intimité de leur demeure.
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Ivor Baranov

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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyMar 2 Juil - 19:45

Ivor était plongé dans un demi-sommeil, lorsqu'il crut entendre que l'on grattait à la porte. Sombrait-il enfin dans le monde des rêves ? Un frottement près de lui. Non, il ne dormait pas encore. Quelqu'un prit sa main avec douceur... ou crainte. Vladis... Il ne s'attendait pas à la revoir si vite. Il pensait même qu'elle l'aurait royalement ignoré jusqu'au lendemain soir.

Le nouveau gouverneur resta immobile, laissant faire sa femme. Il n'avait même pas senti qu'il était blessé à la main. Sans doute était-ce à cause d'une accroche de la robe. Il ne se souvenait pas de sa couleur... encore moins de son aspect. Un très léger soupir passa ses lèvres. Qu'avait Vladis en tête pour venir ainsi le dorloter ? Elle ne se serait pas déplacée pour un petit saignement à la main, ni pour savoir ses volontés concernant les détails de sa toilette.

- Bleu. Je crois que ce sera le plus approprié.

Il aimait beaucoup sa femme quand elle portait du bleu clair rehaussé d'or. Cela mettait en valeur ses cheveux ... comment disent les femmes ? Il ne connaît pas ce langage. Mais il sait que cela lui va bien. Le rouge la rend moins noble. Sans savoir pourquoi, le rouge l'agressait et il ressentait le besoin de lui faire payer, à elle.

- T'es tu remise du voyage ? Je crois savoir que les femmes supportent mal la mer.

Leurs échanges étaient si distants. Ivor n'en avait jamais eu autant conscience. De l'autre côté de l'océan, ils avaient de nombreux échappatoires. Ils pouvaient se mentir, faire semblant. Ici, ils ne pouvaient compter que l'un sur l'autre. Chacun avait fait des concessions pour ce départ précipité. Il avait du se séparer de son bras droit, un homme de confiance, travailleur et de bon conseil. Les domestiques avaient été recrutés, ici, à Assecia. Chacun d'eux représentait donc une menace.
Ils restaient seuls, tous les deux, étrangers de tous. Les Baranov devaient être plus unis que jamais. Mais comment y parvenir, alors que cette unité avait toujours été le fruit d'un déguisement ?

- As-tu un besoin particulier ?

Sa voix était froide. Elle l'avait toujours été, presque toujours. Il n'avait que soulevé sa tête pour regarder la silhouette qu'il distinguait aux rayons de lune.
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Vladislava Baranov

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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyMar 2 Juil - 19:47

Du bleu. Bien entendu. Elle savait parfaitement qu'il aimait la voir porter du bleu. Dans diverses nuances ou intensités, avec des couleurs complémentaires ou sans, parfois même des teintes de vert... Mais jamais au grand jamais de rouge. Le plus rougissant qu'elle s'autorisait était un indigo tirant sur le pourpre réservé à certaines occasions où la modestie était de mise, voire le demi-deuil.

Tout comme certaines espèces animales, Ivor était rendu fou par le rouge sans q'elle en connaisse la raison profonde. Avait-il simplement été témoin de trop de morts au cours de la guerre civile ? Associait-il cette couleur aux catins qui l'utilisaient bien souvent pour attirer l'attention ? Ou bien encore, était-ce une couleur affectionnée par sa première femme ? Il lui était difficile et douloureux de songer à cette femme qu'elle jalousait en secret depuis le début. Une femme qui avait eu la primeur des sentiments d'Ivor d'une part, et qui lui avait aussi et surtout donné un fils. Une chose dont elle était manifestement incapable.

Elle chassa ces pensées inopportunes d'un battement de cils et se concentra sur le présent. Ivor s'inquiétait de sa santé pendant le voyage à présent. Voilà qui était curieux. Il n'avait fait montre d'aucune indulgence à son endroit pendant les deux mois en mer ni d'aucune anxiété liée à son état, allant même jusqu'à lui réclamer des faveurs qu'elle eut été bien incapable de lui accorder compte tenu de son mal de mer incessant.

Lâchant lentement la main de son mari autour de laquelle elle avait noué son mouchoir, elle reposa ses propres mains sur ses cuisses et baissa les yeux. Elle s'était rendue compte qu'elle avait souri, dissimulée par le manteau de la nuit, et s'en était trouvée mortifiée étant donné la froideur dont Ivor faisait preuve à son égard.

Pas question d'avouer quelle faiblesse avait été la sienne ! Qu'elle avait été si mal qu'elle avait cru mourir et l'avait peut-être même désiré dans son délire. Qu'elle l'avait appelé, lui, à son chevet quand la fièvre l'avait terrassée. Non. Ivor voulait une femme fière et forte et c'était ce qu'elle lui offrait. Non une chiffe molle qui s'effondrait lors d'un voyage en mer. Elle préférait passer pour une épouse acariâtre qui lui refusait son lit volontairement plutôt que d'avouer qu'elle avait appelé la mort de ses voeux et imploré que son glacial époux vienne la rassurer. Elle préférait provoquer sa colère, le faire réagir, plutôt que de susciter sa pitié et son mépris.

- Les premiers jours ont été déplaisants, se borna-t-elle donc à répondre. Mais l'on s'habitue à tout, n'est-ce pas ?

Ses doigts se crispèrent involontairement sur le tissu vaporeux de son déshabillé d'intérieur mais elle ne chercha pas à comprendre pourquoi. Préserver les apparences était une seconde nature chez elle. Dire qu'elle avait été si spontanée et franche au cours de sa jeunesse et quand il lui faisait la cour. Le passé était bel et bien mort, songea-t-elle.

- As-tu un besoin particulier ?

Elle tressaillit cette fois et leva les yeux pour le dévisager malgré l'obscurité. Pourquoi était-elle venue ? Cherchait-elle donc plus d'humiliation encore que ce qu'il lui infligeait quand il visitait sa couche ? À cette pensée, elle baissa machinalement le regard sur ses poignets mais la pénombre ne lui permit pas de voir s'il avait laissé la marque de ses doigts sur ses poignets. L'espérait-elle ? Qui pouvait dire quelles émotions tordues lui inspiraient son mari et leur relation ?

- Les cartes m'ont révélé quelque chose, commença-t-elle prudemment, remontant à nouveau son regard vers le visage de son époux. Une femme nous fera obstacle prochainement et il nous faudra ruser pour la neutraliser.

Elle frissonna malgré elle en employant le pronom personnel pluriel. Nous... Ce nous existait-il encore ou ne seraient-ils à jamais que des étrangers l'un pour l'autre ? Là encore, elle ignorait quelle réponse elle désirait au fond d'elle. En attendant, elle marquait ainsi sa loyauté envers Ivor. Ils étaient seuls dans ce nouveau monde, ils n'avaient ni amis, ni soutiens, ni même leurs plus proches domestiques. Ils devaient compter l'un sur l'autre et se montrer plus solidaires que jamais. Pourtant, déjà, elle avait renoncé à le toucher ou à sourire en sa présence puisqu'il ne répondait que par son habituelle froideur. Avait-elle espéré que le nouveau continent serait synonyme de changement dans leur couple ? Quelle stupidité. Pourquoi l'espérait-elle alors qu'elle vivait très bien comme elle était depuis vingt ans ?


Dernière édition par Vladislava Baranov le Mar 2 Juil - 22:11, édité 2 fois
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Ivor Baranov

Ivor Baranov


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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyMar 2 Juil - 19:47

S'il avait d'abord froncé son front de plis sévères en entendant sa femme affirmer qu'elle lui avait interdit sa cabine, les plis qui se formaient maintenant étaient empreints de soucis. Certes Vladis n'était pas la plus docile, ni la plus douce de la gente féminine. Mais elle lisait les cartes.

La première fois qu'elle lui en avait parlé, il l'avait méprisé, renvoyé dans sa chambre d'insouciante. Elle l'avait pourtant mis en garde contre une des connaissances qu'il venait de faire auprès d'une riche commerçant. Le surlendemain, elle l'avait supplié de l'écouter. C'était il y a bien longtemps et son sang n'avait fait qu'un tour. Vladislava avait conservé les marques de ses coups plus d'un mois. Un mois. C'est à peine le temps qu'utilisa ce misérable Connor pour mettre en péril l'une de ses plus importantes affaires.
La honte, la haine, le mépris de lui-même l'avaient poussé à faire payer sa propre défaite à sa femme. Pendant un long mois, il l'avait fatigué moralement. Et puis, tout s'était calmé. Tout redevenait lisse abruptement. Quel gâchis ! Ivor en retint la leçon et prit soin d'écouter sa femme, sans jamais lui indiquer qu'il prenait en compte ses croyances dans les cartes. Alors aujourd'hui, que comptait-il faire ? Que devait-il faire ici ? Qu'y était-il ?

- Qui nous voudrait du mal ? Nous sommes des inconnus ici. Et il faudrait se lever contre l'ordre du roi.

Ivor toucha son bandage, rêveur, incertain. Fatigué peut-être. L'air était moite, le vent trop chaud.

- Si c'est une femme, tu pourras la repérer. Je fais confiance à tes talents d'intrigante. Tes cartes ne t'ont pas murmuré son nom, sa valeur, son passé ?

Comment pouvait-on déjà se mettre en travers de son chemin ? Etait-ce aussi cette personne qui retenait son fils en mer ?
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Vladislava Baranov

Vladislava Baranov


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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyMar 2 Juil - 19:48

Un imperceptible soupir de soulagement avait échappé à Vladislava alors qu'Ivor se mettait à la questionner. Connaissant son aversion pour les sciences occultes, les croyances ésotériques et les pouvoirs surnaturels - y compris ceux de sa propre épouse - elle avait craint qu'il ne la renvoie à sa chambre sur le champ. Au lieu de quoi, il acceptait de l'écouter. Quel immense changement depuis qu'elle lui avait parlé des cartes pour la première fois ! Elle savait que depuis, il avait appris à l'écouter, même s'il ne lui opposait généralement qu'un masque d'indifférence en guise de réponse. Elle avait vu et entendu des choses, elle savait qu'il avait tenu compte de ses avis, même s'il ne le lui avait jamais dit ouvertement. Qu'il l'interroge plus avant était encore une victoire de plus, une avancée supplémentaire dans le lien qui les unissait, si froid et distendu soit-il. Il ne fallait pas s'emballer cependant, mais rester prudente.

- Je sais seulement qu'elle dispose d'un certain pouvoir. Cela peut vouloir dire qu'elle le possède par sa naissance et par son nom, par sa situation, ou encore par des connaissances particulières qui seraient entre ses mains...

Elle se força à détendre ses doigts qui s'étaient crispés sur le tissu soyeux de son déshabillé, sur ses cuisses, et lissa l'étoffe lentement tout en poursuivant avec la même prudence.

- Je ne crois pas qu'elle nous veuille réellement du mal, mais elle se dressera en travers de notre route, d'une manière ou d'une autre.

Enhardie par le calme du moment qui venait de passer entre eux, par l'ouverture dont faisait preuve Ivor ce soir-là, elle se permit de relancer la conversation, et même - audace suprême ! - de prendre la main de son époux entre les siennes.

- Ladreï doit beaucoup vous manquer... Je prie chaque jour qu'il nous soit rendu sain et sauf. Il sera un allié puissant à vos côtés dans ce nouveau monde. Et moi aussi...

Cette fois, elle allait peut-être trop loin. Mais tant pis, elle ne pouvait plus reculer. Et elle n'était pas couarde, elle ne l'avait jamais été. Ivor ne l'eut pas supporté d'ailleurs.

- Je suis votre alliée, Ivor. Vous le savez, n'est-ce pas ? Vous n'avez pas plus loyale et fidèle amie que moi.

Déclaration pleine de ferveur et par trop romantique pour lui. Il allait probablement l'envoyer se coucher cette fois et ce serait sa faite si ce moment prenait fin. Quelle idiote ! Elle savait bien pourtant qu'il n'aimait pas ses emportements, ses élans romantiques, son empressement. il la voulait belle, froide et silencieuse, comme une statue à exhiber devant ses pairs. Mais c'était si frustrant ! Surtout quand elle se rappelait de la cour empressée qu'il lui avait faite vingt ans plus tôt.
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Ivor Baranov

Ivor Baranov


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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyVen 20 Sep - 9:19

Etait-ce la moiteur de la colonie, l'éloignement de la cour, la solitude de son statut ou un envoutement qui rendait Ivor si enclin à écouter sa femme ? Il avait été un bon amant, bien loin du mari qu'il était. Il lui laissa sa main jusqu'à ce qu'elle finisse, puis se leva froid, distant. Ivor n'allait pas reconnaître que Vladis avait raison : il avait besoin de son soutien, car ils étaient seuls. Cela changeait tout. Son fils devenait un bien précieux qu'il n'aurait pas laissé mourir. Sa famille ne devait plus seulement paraître soudée, elle devait l'être par des sentiments profonds.

Vladis attendait, soumise en apparence, mais bouillonnant de passion, de force. Cette force qui avait manqué à sa première femme.

- Que les femmes sont faibles ! N'aie donc crainte pour Ladreï, c'est un Baranov. Il saura rester en vie.
Va te coucher maintenant. J'ai besoin de réfléchir.
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Vladislava Baranov

Vladislava Baranov


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MessageSujet: Re: De nouveaux horizons [PV] De nouveaux horizons [PV] EmptyVen 20 Sep - 9:21

La sentence tomba comme un couperet pour Vladislava. Elle avait beau s'y être attendue, elle n'en fut pas moins heurtée et blessée dans mon amour-propre. Mais que diable avait-elle espéré ? Elle se morigéna intérieurement tout en se relevant et en lissant les volants de son déshabillé très habillé. Elle avait pourtant l'habitude qu'il la congédie comme une domestique, pourquoi était-ce plus douloureux ce jour-là ?

Même s'il regardait ailleurs, au loin, par la fenêtre, elle plongea en une révérence polie, ni trop profonde ni trop courte, juste adaptée à son rang et à leurs relations. Voilà au moins un domaine dans lequel elle excellait à défaut de savoir mener sa vie conjugale avec sérénité. Les bonnes manières, la bienséance et l'étiquette n'avaient aucun secret pour elle.

- Bonne nuit, Monsieur, murmura-t-elle en se redressant.

Autrefois, rarement, par caprice, il avait eu quelquefois la gentillesse de lui baiser le front ou la joue avant de l'envoyer au lit comme une enfant. Mais ce temps-là était révolu aussi, selon toute vraisemblance. Elle n'osa pas approcher en tout cas et se contenta de sortir en silence.

Le battant refermé avec un léger bruit feutré, elle traversa dignement les quelques pièces qui la séparaient de sa chambre à coucher dont elle se retint de justesse de claquer la porte derrière elle. Il risquait de l'entendre.

Impossible de se retenir de briser quelque chose toutefois, elle était trop furieuse, trop frustrée, trop tout. C'est une statuette de porcelaine héritée du Gouverneur Winston qui y passa en premier. Mais ce n'était pas assez, réalisa-t-elle alors que les éclats s'éparpillaient sur le marbre de la cheminée. Un deuxième personnage de biscuit y passa, puis un troisième, et enfin, elle les renversa tous dans un grand geste rageur.

Non elle ne se résignerait pas ! Elle qui avait une vie aussi parfaite en apparence, une famille idéale, un mari beau et charismatique, du pouvoir, de la fortune et la reconnaissance sociale, elle qui avait tout, comment pouvait-elle avoir une vie privée aussi minable ? C'était injuste et insensé ! Elle avait tout fait, elle avait lutté chaque jour de sa vie, mais rien n'y faisait, sa vie personnelle était misérable et malheureuse.

Les débris s'étalaient partout autour d'elle, menaçant de blesser ses pieds si elle tentait de regagner son lit. Atterrée, elle se rendit compte qu'elle avait non seulement fait du bruit mais que de plus, elle pleurait. Pas un domestique n'oserait entrer sans sa permission à cette heure de la nuit, toutefois. Elle allait pouvoir sauvegarder les apparences, une fois encore. La femme du nouveau gouverneur n'était ni malheureuse, ni caractérielle. Elle était parfaite. Parfaite, se répétait-elle dans sa tête en laissant pour une fois les larmes rouler sur ses joues.

Agenouillée sur le parquet, elle rassemblait les morceaux de verre, de cristal, de porcelaine, de tout ce qu'elle avait brisé, et les larmes coulaient, coulaient, sans que rien ne semble pouvoir les arrêter. Il fallait s'épancher, ensuite tout irait mieux. Le lendemain, elle aurait retrouvé sa perfection glacée pour la soirée à laquelle elle paraitrait plus belle et fière que jamais au bras de son parfait époux. Oui, demain était un autre jour.
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